Autrefois, je fus étudiante à l'Ecole des Beaux-Arts de Nancy.

Plutôt réservée à cette époque de ma vie, j'y ai fait un passage humble et discret de cinq ans. Je n'en reste pas moins très attachée à ces murs où on m'a fait grandir, où j'ai développé mon intérêt pour les images, l'Art et où je me suis autorisée à m'exprimer par ce biais.

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En 2015, presque quinze ans après les avoir quittés, je suis retournée voir ces murs à l'occasion des journées portes-ouvertes. J'y ai fait une série de photographies argentiques, avec mon Canon A1, modèle que j'avais apprché brièvement 15 ans plus tôt dans le studio de Monsieur Daubel AUbert durant deux mois lors d'un atelier, modèle argentique que je n'avais pas retouché depuis l'avénement du numérique.

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Ces lieux, emplis de jeunes étudiants que je ne suis plus, de nouveaux projets artistiques d'une autre époque ne m'auront pourtant pas semblés si éloignés de ce que j'étais et de ce que je suis devenue. C'est avec un sourire constant que j'ai déambulé pendant quelques heures dans les couloirs ; regrettant de n'avoir pris que deux films KODAK dans ma poche. Quand je me suis enfin résigné à partir, la grande porte d'entrée passée, je me suis mise à pleurer ; pourtant, aucune tristesse, juste de l'émotion, comme un souvenir d'enfance qu'on ne regrette pas mais auquel on repense avec tendresse. Des odeurs, des moments, des paroles, des visages, des productions, des machines, des murs, et ma tête, contenant tout cela.

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Quand j'ai développé et tiré les premiers clichés, j'ai découvert qu'ils ne rendaient pas du tout compte de la réalité du moment où je les avais saisis. Comme si le fourmillement du public venu voir et parler avec les étudiants et leurs enseignants avait totalement disparu ; comme si j'avais été seule au monde dans ces murs, avec pour seul interlocuteur, les lieux et les souvenirs que j'y associais ; un dialogue tendre et nostalgique qui s'oppose au traitement que j'ai choisi pour les tirages : de forts contrastes et une architecture d'image rigoureuse.

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Bientôt, ces murs vont se fermer pour une autre histoire, ailleurs, un peu plus loin, mais bien plus là.

Pourvu que ce ne soit pas la dernière fois que j'y promène mon appareil à images...

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